- NÉMÉSIS
- NÉMÉSISNÉMÉSISComme bien d’autres abstractions divinisées, Némésis est fille de la Nuit (Nyx). Pour échapper à l’étreinte de Zeus, elle prend mille formes diverses et finit par se changer en oie. Zeus alors devient cygne et s’unit à elle. Elle pond un œuf d’où, grâce aux soins de Léda, sortiront Hélène et les Dioscures. Némésis personnifie la vengeance divine, celle qui s’abat sur les mortels trop heureux et qui se réjouissent de l’être. Elle est la gardienne des conditions, qui se charge de rappeler brutalement à chacun sa place dans un ordre de l’Univers que toute démesure (Hybris) met en péril: ainsi Crésus qu’elle incite à combattre contre Cyrus, pour sa perte. Son sanctuaire principal est à Rhamnonte, non loin de Marathon. Phidias y sculpta sa statue dans un bloc de marbre que les Perses, présomptueux, avaient emporté avec eux pour célébrer leur victoire sur Athènes. Rien de plus grec que cette déesse et que cette abstraction, même si son culte ne fut jamais très répandu: «On peut [en effet] à bon escient se demander si la conception d’Hybris et de Némésis mérite vraiment d’être qualifiée de religieuse. C’était une sagesse inculquée par la vie même, composée de l’expérience de l’intermittence du bonheur, du cycle des destins humains, de la croyance très forte dans la justice rétributive, et aussi d’une bonne proportion de fatalisme.» (M. P. Nilsson.)Némésisdans la mythologie gr., déesse de la Vengeance des dieux; par son action justicière, elle personnifie, rythme et équilibre le destin des hommes.⇒NÉMÉSIS, subst. fém.[P.allus. à Némésis, déesse grecque de la Vengeance et de la Justice distributive] Colère, jalousie, vengeance divine. On supposait chez les élohim une sorte de jalousie du bonheur de l'homme, si bien qu'on (...) donnait une sorte de satisfaction à leur némésis, en se montrant à eux contrit et volontairement humilié (RENAN, Hist. peuple Isr., t.1, 1887, p.55). Tout dégringolait, ce matin-là sur le duc aux prises avec la Némésis (LA VARENDE, Saint-Simon, 1955, p.406).— Représentation de la déesse Némésis. La tête de la Vengeance ou de la Némésis, si ce nom antique vous plaît mieux [dans la Justice poursuivant le crime, de Prud'hon] (...) est un chef-d'oeuvre (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p.18).Prononc. et Orth.:[nemezis]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1872 (GAUTIER, loc. cit.). De Némésis terme de myth. (gr.
), nom de la vengeance divine personnifiée, de
proprement «attribution par autorité légale» (dér. de
«partager, distribuer») d'où «blâme collectif».
Encyclopédie Universelle. 2012.